Un code de bonne pratique belge pour l’amélioration des terres

Beaucoup de sols en Belgique ne sont, à priori, pas réutilisables dans leur état naturel car ils ne répondent pas aux exigences techniques imposées pour les applications envisagées. Ils présentent fréquemment une teneur en eau naturelle trop élevée et sont souvent trop plastiques, ce qui complique leur réutilisation (difficultés d’exécution, de supporter le trafic de chantier, d’obtenir le taux de compactage recherché, …).


Une alternative à la mise en décharge des terres de déblai consiste à réutiliser le sol après l’avoir mélangé avec un agent de traitement (liant) afin d’obtenir un matériau de construction de qualité, en améliorant ses caractéristiques physiques. Le traitement de sols par ajout de chaux n’est pas une technique récente. La technique connaît un regain d’intérêt en raison du renforcement des législations environnementales, de la pénurie de matériaux neufs, de la diminution des possibilités de mise en décharge et de l’augmentation de leur tarif.

Selon l’application envisagée, on réalisera un traitement d’amélioration (ajout de faible dose de liant) ou de stabilisation (dose plus importante de liant).
Bien que la technique soit régulièrement utilisée en Belgique, notre pays ne possédait pas encore de guide pratique sur le traitement des sols, au contraire de la France, dont l’expérience en la matière n’a cessé d’évoluer au cours des dernières décennies. Leur Laboratoire Central des Ponts et Chaussées et le Setra avaient édité un document spécialisé sur le sujet : le GTS.

Pour combler cette carence et promouvoir la valorisation des terres de déblais non réutilisables dans leur état naturel, un groupe de travail a été créé en juin 2001 à l’initiative de VLARIO et du Centre de Recherches Routières (C.R.R.) afin de rédiger un code de bonne pratique pour le traitement des sols à la chaux et/ou au ciment.


Ce code de bonne pratique met l’accent sur les exigences spécifiques posées par le traitement (étude préparatoire approfondie, organisation de chantier, matériel spécifique, contrôles à posteriori) et a pour objectif de guider décideurs et techniciens dans les différentes étapes du traitement des sols en leur donnant une synthèse des connaissances actuelles, tant sur le plan pratique que théorique.


Le groupe de travail, présidé par Aquafin, regroupe différents intervenants de la chaîne du traitement des sols : entrepreneurs, bureaux d’études, fournisseurs de machines, producteurs de liant, organismes de certification,… Leur travail a donné lieu, en avril 2003, à la naissance d’une référence belge en la matière.


Le code de bonne pratique a été scindé en plusieurs documents :


- Un document théorique reprenant les principes de base suivants :
• connaissance des sols : comportement des différents types de sols, caractéristiques permettant de les différencier, description des essais de laboratoire à réaliser pour évaluer la pertinence d’un traitement et les dosages à appliquer
• traitement : description des différents liants et de leurs effets sur le sol
• modalités d’exécution : conduite du chantier et matériel disponible pour traiter les sols aux liants.


- Des guides pratiques pour les différentes applications du traitement des sols. Ces fascicules reprennent les règles à suivre lors de traitements spécifiques. Ils donnent une réponse claire et rapide aux questions suivantes : Le sol peut-il être traité ? Quels dosages de liant faut-il appliquer ?


Le document théorique sera disponible dès la fin de cette année au CRR, à l’adresse suivante : l.merchiers@brrc.be. Le guide pratique portant sur l’amélioration des sols pour le remblayage des tranchées et l’enrobage des conduites est en cours de finalisation est quant à lui déjà disponible, toujours à l’adresse ci-dessus. D’autres fascicules pratiques sont en préparation : réemploi de sols améliorés en fond de coffre, réemploi de sols stabilisés en sous-fondations,…

Un concept innovant !

Le traitement des sols par ajout d’additifs (chaux et/ou ciment) offre une solution technique, économique et écologique à la problématique des terres de déblais, tant pour les chantiers modestes (remblayage des tranchées d’égouts,…) que pour les grands chantiers (construction des lignes TGV, …). Pour pouvoir être traité, le sol doit bien sûr répondre aux exigences environnementales imposées par la législation et l’entrepreneur doit également tenir compte des caractéristiques physiques intrinsèques du sol en place.

Traitement - Stabilisation -­ Amélioration ?

Une certaine confusion règne encore quant à l’utilisation de ces termes. Les définitions suivantes devraient clarifier la situation :


Traitement = terme général pour désigner un procédé consistant à modifier un matériau donné, afin qu’il puisse remplir les fonctions auxquelles on le destine.


Amélioration = Opération quasi instantanée qui consiste à améliorer les propriétés géotechniques du sol (augmentation de la portance, de la résistance à la pénétration, amélioration de l’aptitude du sol au compactage), alors que la nature du sol reste la même.


Cette opération permet d’assurer la mise en œuvre du sol avec les ateliers traditionnels de terrassement. Ce traitement ne donne pas une garantie de durabilité vis à vis de l’eau et du gel.


Stabilisation = Opération à moyen ou long terme consistant à augmenter très sensiblement les caractéristiques mécaniques d’un sol, de manière à conférer de manière durable au matériau un état définitif de stabilité à l’eau et au gel. Elle se traduit, entre autres par un durcissement graduel du mélange au cours des semaines et des mois qui suivent le compactage.


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