Témoignage de Eddy Pierret, artisan plafonneur Fays 711B, à 6688 Longchamps (Tél. & Fax 061 21 73 21 - eddypierret@hotmail.com)
Quand j’ai débuté ma carrière de plafonneur, fin des années 70, le travail se faisait au mortier de chaux aérienne : il s’agissait d’une chaux coulée par nos soins, ou d’une chaux éteinte prête à
l’emploi, mélangée à différents types de sables, des fibres végétales ou animales, et éventuellement un peu de plâtre.
Au cours des années 80, se sont développés les enduits en sac, préparés en usine, de qualité standardisée, moins créatifs, et mis en œuvre (plus aisément et plus rapidement), en monocouche. A
grand renfort de publicité, démonstrations, stages,… , les artisans se sont laissés séduire; tout le monde a mordu à l’hameçon, jusqu’au bricoleur qui, maintenant, plafonne sa maison lui-même,
avec comme résultat une banalisation de la technique, et du goût du client. Fin des années 90, de nombreux éléments ont contribué à une réutilisation intensive des enduits traditionnels à la
chaux : le développement des tendances BIO, la prise de conscience de la perte d’un ART et d’une TRADITION, mais également la volonté publique d’une remise en valeur du Patrimoine
Historique.
La profession s’est donc rendu compte qu’elle avait peut-être abandonné trop vite le mortier de chaux associé depuis toujours à des notions de travail sain et durable, et qu’elle avait un peu
oublié la qualité de REGULATEUR de ce liant exceptionnel : trop d’humidité, la chaux l’absorbe. Trop peu d’humidité, elle la rejette ! Sans oublier les autres atouts tels que la Souplesse du
mélange, sa vertu d’Isolant, et surtout sa capacité à Différencier les compositions et à rechercher le Beau, grâce à l’association avec un tas de couleurs et de textures très variées.
Avec les chaux telles que celles distribuées en Belgique par les négociants professionnels spécialisés, je suis heureux de pouvoir retravailler comme à mes débuts avec un produit de grande
qualité, et belge de surcroît.
Une expérience enrichissante, la restauration des murs de la chapelle St. Roch à Somal (1634), commune de Somme-Leuze (région de Marche-en-Famenne) : «En 2003, j’ai réalisé la restauration des
enduits de cette superbe chapelle, chantier qui a duré près de 5 mois. J’ai travaillé très fidèlement par rapport aux techniques d’autrefois ; le chantier était contrôlé par un architecte de la
Région Wallonne (Mr. R. Lambert), ainsi que par l’historien de l’art attaché au patrimoine (Mr. J-L Javaux).
• Après un décapage complet des enduits du plafond et des murs, j’ai plafonné ce plafond au mortier de chaux en 2 couches (chaux vive, sable jaune -pas trop argileux-, sable de rivière et annas
de lin).
• Après séchage, j’ai tiré les moulures avec le même mortier et terminé par 2 couches de blanc : chaux vive, poils de vache et 5 à 10 % de plâtre;
• Ensuite, j’ai peint le plafond avec une peinture à la chaux maison préparée à l’ancienne : chaux vive, extrait de lait : caséine, ammoniaque, sel d’alun, craie et pigments naturels ;
• Pour les murs, j’ai appliqué un «Marmorino» : chaux vive, pigments naturels et jaune d’ œuf ;
• Pour le soubassement, j’ai appliqué un faux marbre : chaux vive et vernis au blanc d’ oeuf et à la colle d’os.