Propriétés de la chaux aérienne dans les mortiers de maçonnerie

La chaux se présente sous différentes formes dans les mortiers, notamment comme filler calcaire et comme chaux éteinte. La chaux hydratée a toute sa place dans un mortier à maçonner. Cet article décrit ses propriétés les plus importantes à différents moments de la vie d’un mortier : à l’état frais, lors de la prise et en état « durci »


Le filler calcaire est un produit cru, qui se présente sous forme d’une poudre fine que l’on obtient en concassant et en broyant de la pierre calcaire. Dans un mortier de maçonnerie, le filler calcaire a quasiment les mêmes propriétés que le sable fin et permet la constitution de la structure granulaire optimale. Le filler de calcaire est inerte et une matière de remplissage. Il donne une meilleure prise avec le sable et contribue ainsi à l’augmentation de la résistance du mortier à la compression.

La chaux éteinte est, elle aussi, faite de pierre calcaire. Elle est obtenue par la cuisson de calcaire, lavé et calibré, à +/- 900° C (chaux vive), ensuite éteinte par adjonction d’eau. La chaux éteinte a la propriété de réagir avec le CO2 de l’air pour former à nouveau du calcaire.
Dans les constructions neuves, on utilise traditionnellement le mortier bâtard qui a fait ses preuves au fil des siècles. Il s’agit là d’un mortier qui comprend comme liants, à la fois de la chaux éteinte et du ciment. Le marché propose des mélanges préalablement dosés de chaux éteinte et de ciment dans une proportion volumique de 1 : 1. En y ajoutant du sable et de l’eau, on obtient un mortier bâtard d’excellente qualité.

Propriétés de la chaux éteinte
Ce n’est que sous sa forme réactive de chaux éteinte que la chaux peut remplir ses fonctions en tant que liant dans le mortier :
• lors du gâchage et de la mise en oeuvre
• lors de la prise et du durcissement
• après le durcissement, pour assurer la pérennité de la maçonnerie.

Gâchage et utilisation des mortiers
Les particules de chaux très fines (90% inférieures à 0,1 mm, soit 4,5 fois plus fines que celles du ciment) rendent la matière onctueuse et donc facile à utiliser, mais également cohérente et indéformable.

Et grâce à l’aptitude de la chaux éteinte à retenir l’eau, il n’y a pas de ségrégation et il n’est donc pas nécessaire de gâcher le mortier à plusieurs reprises dans la cuve.

Prise et durcissement des mortiers
Le bon déroulement du durcissement d’un mortier de maçonnerie est d’une importance décisive pour la qualité de la maçonnerie et donc de la pérennité de l’ouvrage. La chaux éteinte joue un rôle important en raison de sa capacité de retenir l’eau et par la déformabilité des particules de chaux. La chaux éteinte se durcit (même encore après plusieurs années !) par une réaction de la chaux avec le gaz carbonique présent dans l’air.

En retenant l’eau pendant une période prolongée, la chaux éteinte assure la régulation du processus de prise du ciment. L’eau s’extrait lentement du mortier, par évaporation et par absorption dans les briques de la maçonnerie. Cela évite le « brûlement » des joints et donc une prise défectueuse du ciment.

Ainsi, on évite en même temps une perte de la résistance, un retrait et surtout un risque d’adhérence insuffisante entre le mortier et la brique. Quand la capacité d’absorption d’eau de la maçonnerie est faible, comme pour des blocs en béton, l’apport de chaux favorisera l’accrochage du mortier à la maçonnerie.

En augmentant la densité et l’homogénéité du mortier, ainsi que la propriété de compenser les phénomènes de retrait, la chaux éteinte est l’élément déformable entre la rigidité des grains de sable et du ciment dans le mortier. Pendant le durcissement, la maçonnerie est sujette à toutes sortes de tensions et de forces qui peuvent causer des fissures ou rompre l’adhérence entre les particules de ciment. Grâce à la souplesse de la chaux éteinte dans le mortier, tous les pores sont remplis et la cohérence du mortier est garantie. Cela diminue le risque de fissuration pendant les processus de prise et de durcissement.

Pérennité de la maçonnerie
La pérennité de la maçonnerie constitue l’atout majeur de la chaux dans le mortier. L’action continue de la chaux éteinte s’explique par le fait que les particules de chaux dans le mortier conservent longtemps leur activité chimique et physique. Ainsi, la chaux éteinte compense les mouvements de la maçonnerie à la suite du tassement, du vent et des variations de la température.

La maçonnerie demeure souple, il n’y a guère de microfissures et l’adhérence entre la maçonnerie et le mortier reste intact. Toute fissuration éventuelle dans le mortier sera réparée par l’effet d’autoréparation de la chaux éteinte. Cette autoréparation intervient par la recristallisation de la chaux éteinte, qui se déplace vers ces pores.

La présence de la chaux dans le mortier garantit que l’humidité sera progressivement absorbée et dégagée sous forme de vapeur, sans que cela ne compromette les propriétés du mortier. Cela évite la saturation du joint de mortier et l’inondation totale des pores par l’eau. Ainsi, le risque de gélivures dans la maçonnerie est considérablement réduit.

La présence de chaux éteinte dans des mortiers de plâtre empêche la formation de condensations d’eau sur la surface du mur et donc l’apparition des moisissures que l’on voit fréquemment dans des cuisines, des douches et d’autres endroits humides. Le risque d’efflorescences blanches sur les murs s’en trouve également réduit.

A cet égard, l’erreur de croire que la chaux en serait la cause, est fort répandue. C’est exactement le contraire : une efflorescence est souvent le résultat de la dissolution dans l’eau des sources salines (sulfates et alcalis) qui se trouvent dans la maçonnerie ou dans le mortier et qui sont transportées par l’eau sortante jusqu’à la surface du mur, où elles se cristallisent. La chaux éteinte peut précisément lier ce genre de sels à l’intérieur de la maçonnerie. Ainsi, ces sels ne se déposent plus sur la surface de la façade.

Conclusion : il est important d’ajouter de la chaux éteinte au mortier pour obtenir une maçonnerie de grande qualité. Les briqueteries, l’industrie de silico-calcaire et les autres fournisseurs de produits pierreux cuits recommandent habituellement l’utilisation d’un mortier composé de 1 part de chaux éteinte, de 1 part de ciment et de 5 à 6 parts de sable.


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