Asphalte durable grâce à la chaux

Dans les années 70, la chaux hydratée était utilisée dans l’asphalte pour neutraliser l’excès d’eau resté sur les granulats. Après de fortes pluies et suite à un séchage imparfait de la structure sableuse, un « phénomène de soupe » se produisait résultant de l’égouttage et du resuage du liant provoquant une liquéfaction du mélange asphaltique pendant le transport.


Ce phénomène était évité par l’apport de chaux et ce qui démontrait qu’en plus d’une propriété asséchante, la chaux jouait un rôle dans la cohésion des particules minérales enrobées de bitume. Avec l’apparition des enrobés drainants, structure asphaltique riche en pierres, la chaux, fut utilisée avec succès pour éviter l’égouttage dans les camions de l’excès de liant, mais aussi et surtout, pour améliorer les caractéristiques mécaniques du revêtement drainant et permettre à celui-ci de résister aux sollicitations du trafic de plus en plus important.


Les différentes études en laboratoire et expériences sur chantier réalisées aussi bien en Belgique qu’à l’étranger, ont conduit à définir l’apport positif de la chaux dans les enrobés bitumineux au niveau d’une amélioration de la tenue au désenrobage, de la résistance à l’orniérage accrue, d’une plus grande souplesse à basse température, d’une augmentation de la cohésion des mastics bitumineux et d’une meilleure tenue au vieillissement. Actuellement, les revêtements à squelette pierreux, type SMA, sont de plus en plus utilisés en couche d’usure sur nos axes à grand trafic. Pour résister aux sollicitations de plus en plus contraignantes (Tridem et conditions climatiques) et offrir aux usagers un plus grand confort, les techniques de formulation des mélanges asphaltiques utilisés deviennent de plus en plus pointues et nécessitent l’apport de matériaux nouveaux, ou le plus souvent, l’utilisation d’agents modifiants dans la composition adoptée.


Les dernières recherches effectuées ont ouvert des pistes quant aux bonifications que la chaux pouvait apporter :
• Adhérence des chaussées, microrugosité : la présence de chaux dans l’asphalte a montré une amélioration de la résistance au polissage de revêtement SMA – 0-14 au porphyre.
• Résistance à l’orniérage : la chaux en combinaison avec des bitumes polymères amplifie l’effet antiorniérant de mélanges asphaltiques à squelette pierreux.
• Résistance au vieillissement à court et à long terme : par le biais du RCAT, les résultats au niveau du processus de vieillissement des liants en laboratoire ont été affinés et démontrent de façon générale, l’effet positif de l’ajout de chaux sur le vieillissement à court terme. Au niveau du vieillissement à long terme, la chaux présente des effets très positifs pour les bitumes mous (pen > 50).
• Résistance au feu de mastic bitumineux (protection contre l’incendie dans les tunnels) : une étude préliminaire a montré une augmentation du délai d’inflammation et une diminution de l’intensité du pic d’énergie. La chaux retarde l’embrasement général de l’asphalte. La liste des améliorations que peut apporter la chaux incorporée dans les mélanges asphaltiques utilisés en revêtement routier n’est certainement pas ainsi clôturée, et malgré le surcoût d’un tel additif, l’avantage final devrait être considéré. Une connaissance approfondie du mélange type pourrait être acquise par la réalisation de chantiers expérimentaux ou tout simplement par une utilisation accrue.

L’article complet est publié à l’occasion du XXème Congrès Belge de la Route à Bruxelles 2005 : « Le rôle de la chaux dans l’asphalte, recherches et expérience en Belgique depuis 2001 ».


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